Robert Badinter, hommage à un combattant pour la justice

« Monsieur le Garde des Sceaux. Monsieur le président, Mesdames, Messieurs les députés, j'ai l'honneur, au nom du Gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France. » (discours de Robert Badinter le 17 septembre 1981 à l’Assemblée Nationale pour l’abolition de la peine de mort.)

Robert Badinter, né le 30 mars 1928, nous a quittés le 9 février 2024 à l’âge de 95 ans.

Il est né dans une famille juive. Son père fut arrêté lors de la rafle de la rue Sainte Catherine à Lyon où il a été arrêté le 9 février 1943 avant d’être déporté dans un camp en Pologne. Robert Badinter ne reverra plus jamais son père. Il perdra une grande partie de sa famille pendant la Shoah. Sa grand-mère perdra la vie lors de son voyage vers Auschwitz et son oncle mourra à Auschwitz. Il entre au lycée avec des faux papiers jusqu’à la fin de la guerre.

Après la guerre, Robert Badinter étudie le droit à la Sorbonne pour devenir avocat, puis, plus tard, il obtient une maîtrise en art à l’université de Columbia. En 1952, il obtient un doctorat en droit et, enfin, l’agrégation en 1965.

Il deviendra aussi professeur à l’Université de Dijon puis à Besançon, Amiens et enfin Paris. En parallèle, il ouvre son cabinet d’avocat avec Jean-Denis Bredin.

Durant toute sa carrière d'avocat, Badinter s'occupe de grands criminels : il se bat comme il le peut pour leur éviter la peine capitale, mais souvent en vain. C’est après le procès de Claude Buffet qui n’a pu éviter la peine capitale et Roger Bontems qui fut condamné à perpétuité, que Badinter s’investira vraiment contre la peine de mort.

En 1981, lorsque François Mitterrand arrive au pouvoir, il nomme Maurice Faure ministre de la justice mais le remplacera rapidement par Robert Badinter, qui se battra pour l’abolition de la peine de mort sur proposition du Président. Il plaidera en faisant un parallèle entre la peine de mort et la loi du Talion, le 17 septembre 1981 devant l’Assemblée Nationale. Le 9 octobre 1981, la France abolira alors la peine de mort.

Mais Robert Badinter ne s’est pas uniquement battu contre la peine de mort. Il s’est aussi battu pour la dépénalisation de l’homosexualité, et il participera activement au devoir de mémoire de la Shoah. Il se battra pour les droits de l’homme, et toute sa vie, il s’engagera pour l’abolition de la peine de mort universelle.

Après sa carrière de ministre de la Justice et de garde des Sceaux, il sera sénateur des Hauts-de-Seine jusqu’en 2011.

Il continuera aussi son activité d’avocat une grande partie de sa vie.

Mais Robert Badinter n’est pas uniquement Ministre de la Justice, sénateur, Garde des Sceaux ou encore avocat, il est aussi une grande plume.

En effet de 1952 à 2024 Robert Badinter ne cessera d’écrire des livres dont les plus célèbres sont L’Exécution, récit du procès de Claude Buffet et Roger Bontems, L’Abolition , récit de son combat contre la peine de mort en France, Les épines et les Roses, récit autobiographique sur son parcours de ministre de la justice, Idiss récit dans lequel Robert Badinter nous parle de sa Grand-mère. Il écrira également des essais, des pièces de théâtres tel que "Cellule 107" qui met en scène le procès d’Oscar Wilde pour homosexualité, "Les Briques rouges de Varsovie" , œuvre qui derrière son histoire représente ses racines familial. Il tentera même un opéra  inspiré du récit de Victor Hugo, "Claude Gueux", mis en scène par Olivier Py.

Robert Badinter publiera son dernier livre La Démocratie illibérale le 17 Janvier 2024 aux éditions Fayard.

Robert Badinter nous quitte dans la nuit du 8 au 9 Février 2024. Un hommage national lui a été rendu le mercredi 14 Février place Vendôme à Paris. Le Président de la République a alors annoncé au cours de son discours que Robert Badinter rejoindra le Panthéon. Le Président a également dit le concernant : « Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour la France ».